Voilà quelques jours, je me suis rendue dans ma librairie préférée pour y dénicher quelques livres de poche. C’est mon plaisir régulier, acheter un stock de romans que je range soigneusement dans ma table de nuit, comme un trésor. Je connais sa présence, elle me rassure. Je le consomme à mon rythme, savourant l’idée qu’après ce livre, d’autres m’attendent. Ayant terminé le dernier roman de ma petite réserve, j’ai pris le chemin de ma librairie. J’aime ce lieu. Je prends mon temps pour découvrir les livres qui vont m’accompagner pendant ces prochains mois.
Je me laisse influencée par les commentaires passionnés, affichés en grand et écrits à la main sur des feuilles à dessin de couleur. Il n’y a pas vraiment d’unité, ni de grand esthétisme. Ces affiches envahissent le lieu, nul ne peut les ignorer. En flânant dans les rayons, on peut lire, « le plus beau roman français de l’année ! », « Toute l’équipe a adoré ! », « Ne passez pas à côté de la saga la plus jouissive de ces 5 dernières années ! », « Premier roman, la naissance d’un auteur hors du commun ! ». Je me perds volontairement dans ces messages où le superlatif et le point d’exclamation dominent. Je regarde les premières de couverture, je lis les résumés. Je choisis un livre, puis un autre jusqu’à ce que je sois rassasiée et satisfaite de mes trouvailles. Il me tarde déjà de choisir le premier livre qui débutera ma nouvelle épopée, une fois rentrée chez moi.
Mais cette fois, je m’attarde, et je suis attirée par une couverture. Ce n’est pas un poche, c’est un nouveau roman. La couverture est tout en nuance de bleus, ma couleur préférée. Elle rappelle les faïences qui ornent l’intérieur des maisons d’Afrique du Nord. Je le prends, l’ouvre, le feuillète. Son auteur est une femme, Olivia ELKHAIM. Je tourne le livre et parcours le résumé. Je lis, « Guerre d’Algérie », « le rêve d’une terre jamais oubliée », « cette part de nos aïeux que nous portons à travers le temps, et bien souvent malgré nous ». Ces mots me parlent, ils raisonnent avec ma propre histoire familiale. J’ouvre le livre au hasard et je lis : « Tout le monde parlait en même temps, gueulait, braillait. Leur nostalgie imprégnait les conversations. Elle écrasait tout. » Et je me surprends à penser aux repas de famille lorsque j’étais enfant, aux fêtes de mariage. Les larmes montent. Je revois mes oncles, l’un à la guitare, l’autre à la trompette. Je revois mes tantes qui rient et chantent. Je revois mes cousins et cousines qui courent avec moi autour de la table couverte de plats épicés, de gâteaux au miel, de Mouna à Pâques. Et je revois mes grands-parents, ces deux êtres qui ont marqué ma vie à jamais et que je porte en moi.
Je réalise que, finalement, je ne sais pas grand-chose de leur histoire et que ce vide me pèse. Je me dis que j’aurai dû poser des questions, moi-aussi. Je me dis qu’il est encore temps d’interroger ceux qui sont encore là.
Mais avant, je ressens le besoin d’emprunter un chemin initiatique. J’achète le livre « Le tailleur de Relizane » d’Olivia ELKHAIM et je la remercie aujourd’hui de partager l’histoire de sa famille, de la faire raisonner avec la mienne, de me montrer d’où je viens.
Il est temps de connaître l’histoire de mon grand-père, de ma grand-mère et celle de ma mère, débarqués, comme tant d’autres, d’un bateau avec une valise, en 1962 à Marseille. Dans un pays, la France, qui n’est pas le leur et où ils ne sont pas les bienvenus. Et je réalise plus intensément qu’auparavant, qu’il doit être douloureux de quitter un pays dont on sait qu’on n’y reviendra plus et où l’on a laissé son cœur.
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